Saule
Gilles Béraud (Paris, 1948-)
Huile sur toile « Un bout de pelouse, un morceau d'arbre, une demi-branche... Cette vue très fragmentaire, très rapprochée, est égale à un paysage en grand. À la manière d'une fractale, cette concentration rassemble les éléments nécessaires pour signifier un paysage : arbre, herbe, eau. Le ciel n'est pas à sa place habituelle, mais apparaît distribué à l'ensemble, sous forme de reflets. Selon ce principe de compression, la branche tombante, que prolonge son image dans l'eau, exprime à la fois le feuillage, le monde aérien et l'eau. A gauche, le tronc de l'arbre semble contenir une grande variété de couleurs. Par ses touches plus chargées en matière, par ses teintes chaudes, il avance vers nous et se détache du fond qui, lui, se compose de couleurs froides et est moins structuré. Monet invente ainsi un nouvel espace, une profondeur sans horizon ni perspective. L'arbre de mon encre est un peu dans une situation inverse de celui de Monet : il est constitué par le fond blanc du papier, tout en étant projeté en avant par l'apport d'encre à ses alentours. Comme Monet, je prends la logique visuelle à rebours, et je tente une interrogation sur la façon d'exprimer l'espace dans a peinture d'aujourd'hui. Une question éternellement posée par les peintres paysagistes qui, contrairement à l'idée reçue, n'imitent pas le paysage, mais apportent une conception de l'espace : au Moyen Âge, les "vues" sont verticales, comme regardées par Dieu, puis elles deviennent horizontales, au niveau de l'il l humain. Les tableaux de paysage sont des signaux bien plus qu'ils ne représentent la campagne. »
Mise en page 2007 PYL · Les
arbres
|