Il était une fois... Un beau chêne Il était une fois... Un beau chêne si grand
et si robuste, qu'il faisait l'admiration de toute la forêt. Bruno
l'écureuil y avait établi son refuge qu'il bourrait de glands
provenant de l'arbre majestueux. Sur la plus haute branche, Madame Rossignol
avait dressé fièrement son nid. Et entre les racines énormes,
gîtait Pomponet le lapin.
En résumé, tous y trouvaient un logis confortable. Mais hélas,
ce beau chêne était aussi convoité par des bûcherons.
Ceux-ci étaient venus s'installer depuis peu dans le bois afin de
commencer leurs travaux d'abattage. C'est ainsi qu'un beau jour, munis de
leurs haches et scies, arrivèrent deux solides gaillards. Ils cernèrent
le vieux chêne et se mirent à le marteler de leur cognée.
L'arbre gémissait sous la douleur qu'on lui infligeait.
Mais que pouvait-il faire, le malheureux ? Il saignait sa sève un
peu de partout et il sentait, impuissant, qu'il ne résisterait pas
longtemps...
Réunissant ses dernières forces, il fit frémir branches
et feuilles en un ultime appel de pitié. Ses amis Pomponet et Bruno
folâtraient non loin de là. Ils entendirent l'appel de leur
ami et accoururent à toute vitesse.
- Hô ! s'écrièrent-ils en chur devant l'affreux
spectacle.
Mais que faire ? Comment débarrasser leur ami de ces intrus malveillants
?
Tout à coup, Bruno eut une idée.
S'adressant à son compagnon, il lui dit :
- File à ton terrier sous les racines ! Hurle et grogne de toutes
tes forces, sans te faire voir !
Sans chercher à comprendre, le lapin obéit. Profitant de quelques
minutes de pause des bûcherons, il s'engouffra dans son refuge.
- Ah, mes amis, dit l'arbre dans un soupir, il va vous falloir trouver un
autre logis car je vais mourir...
- Allons, ne dis pas de bêtises, lui répondit Pomponet. Nous
allons t'aider.
Et puis, nous ferais-tu douter du proverbe : " Solide comme un chêne
" ? Allez, un peu de patience...
- Bon, s'exclamèrent les bûcherons, au travail !
Ils s'avancèrent en direction du vieux chêne, déjà
très mal en point.
Mais, à peine eurent-ils saisi leur cognée, que Pomponet exécuta
les consignes.
- Houuu ! Hou... ! Grrrrrr... ! Et grrrrrrrr... ! grogna le lapin.
Au même instant, Bruno se mit à bondir de toutes ses forces,
de branche en branche, surtout sur les plus garnies. Les glands se mirent
aussitôt à pleuvoir sur les intrus. Les deux hommes, jetant
des regards effarés de tous côtés, se mirent à
courir, à courir... laissant là leurs outils.
- Merci mes bons amis ! dit le vieux chêne à l'adresse de Bruno
et Pomponet. Vous m'avez sauvé la vie.
- Bah ! Ce n'est rien, répondirent ceux-ci. De toute façon,
tu t'en serais bien tiré tout seul ! Tu es si énorme que ces
deux bûcherons auraient bien fini par abandonner.
Ensemble, ils se mirent à panser les blessures du vieux chêne
avec de la terre et des feuilles séchées. L'arbre, pour les
remercier, écarta largement ses racines afin d'agrandir le terrier
de Pomponet. Et il promit de donner, l'an prochain, encore plus de glands
pour son ami Bruno.
Conte du Québec
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