MELESE, (Botan.) (Page 10:313) MELESE, larix, (Botan.) genre de plante à fleur en chaton, composée de plusieurs sommets & stérile. L'embryon naît entre les feuilles du jeune fruit & devient une semence foliacée, cachée sous les écailles qui sont attachées à l'axe & qui composent le fruit. Ajoutez aux caracteres de ce genre que les feuilles naissent par bouquet. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante. Melese, (Botan.) (Page 10:313) Cet arbre n'est point aisé à multiplier: on ne peut en venir à bout qu'en semant ses graines après les avoir tirées des cônes: pour y parvenir on expose les cônes au soleil ou devant le feu; on les remue de tems en tems; les écailles s'ouvrent peu à peu, & les graines en sortent. On peut les semer dès le commencement de Mars; mais la saison dans ce mois étant sujette aux alternatives d'une humidité trop froide, ou d'un hale trop brûlant, qui font pourrir ou dessécher les graines; il vaut beaucoup mieux attendre les premiers jours d'Avril. Et comme cette graine leve difficilement, & que les plants qui en viennent, exigent des précautions pour les garantir des gelées pendant les premieres années, il sera plus convenable de la semer dans des caisses plates ou terrines, que de les risquer en pleine terre. On le répete encore, & on ne peut trop le redire, il est très - difficile de faire lever la graine de melese, & de conserver pendant la premiere année les jeunes plants qui en sont venus. Faites préparer un assemblage de terres de différentes qualités, en sorte pourtant que celles qui sont legeres dominent; ce mélange servira à emplir les caisses ou terrines jusqu'à un pouce près du bord. Après que les graines y seront semées, faites - les recouvrir d'un pouce de terreau très - pourri, très - leger, très - fin; faites - les placer contre un mur, ou une palissade à l'exposition du levant, & recommandez de ne les arroser que modérément dans les grandes sécheresses; les graines leveront au bout d'un mois; prescrivez de nouveaux soins pour l'éducation des jeunes plants. La trop grande ardeur du soleil & les pluies trop abondantes, peuvent également les faire périr: on pourra les garantir du premier inconvénient en suppléant quelque abri, & les sauver de l'autre en inclinant les terrines pour empêcher l'eau de séjourner. Il faudra serrer les caisses ou terrines pendant l'hiver, & ne les sortir qu'au mois d'Avril lorsque la saison sera bien adoucie; car rien de si contraire aux jeunes plants d'arbres résineux que les pluies froides, les vents desséchant, & le hâle brûlant qu'on éprouve ordinairement au mois de Mars. On pourra un an après les mettre en pepiniere; dans une terre meuble & legere, vers la fin de Mars ou le commencement d'Avril, lorsqu'ils sont sur le point de pousser. On aura soin de conserver de la terre autour de leurs racines en les tirant de la caisse, de les garantir du soleil & des vents, jusqu'à ce qu'ils ayent poussé, & de les soutenir & dresser avec des petites baguettes; parce qu'ils s'inclinent volontiers & se redressent difficilement, si on les a négligés. Au bout de trois ans, on pourra les transplanter à demeure sur la fin du mois d'Octobre, lorsque les feuilles commencent à tomber. Ils réussissent rarement lorsqu'ils ont plus de deux piés, ou deux piés & demi de hauteur, à - moins qu'on ne puisse les enlever & les transporter avec la motte de terre. Ces arbres viennent lentement pendant les cinq premieres années; mais dès qu'ils ont pris de la force, ils poussent vigoureusement, & souvent ils s'élevent à 80 piés. On peut les tailler & leur retrancher des branches sans inconvénient, avec l'attention néanmoins d'en laisser à l'arbre plus qu'on ne lui en retranche. Le bois du melese est d'un excellent service; il est dur, solide, facile à fendre. Il y en a de rouge & de blanc; ce qui dépend de l'âge de l'arbre: le rouge est le plus estimé; aussi est - ce le plus âgé. Il est propre aux ouvrages de charpente, & à la construction des petits bâtimens de mer; on le préfere au pin & au sapin pour la menuiserie. Ce bois est d'une grande force & de très - longue durée; il ne tombe pas en vermoulure; il ne contracte point de gersure; il pourrit difficilement, & on l'emploie avec succès contre le courant des eaux. Il est bon à brûler, & on en fait du charbon qui est recherché par ceux qui travaillent le fer. On se sert de l'écorce des jeunes meleses, comme de celle du chêne, pour tanner les cuirs. Le melese est renommé pour trois productions; la manne, la résine, & l'agaric. La manne que l'on trouve sur le melese, se forme en petits grains blancs, mollasses, glutineux, que la transpiration rassemble pendant la nuit sur les feuilles de l'arbre, au fort de la seve, dans les mois de Mai & Juin. Les jeunes arbres sont couverts de cette matiere au lever du soleil, qui la dissipe bientôt. Plus il y a de rosée, plus on trouve de manne; elle est aussi plus abondante sur les arbres jeunes & vigoureux. C'est ce que l'on appelle la manne de Briançon, qui est la plus commune & la moins estimée des trois especes de manne que l'on connoît. On ne l'emploie qu'à défaut de celle de Syrie & de celle de Calabre. On donne le nom de térébenthine, à la réfine que l'on fait couler du melese, en y faisant des trous avec la tarriere. On tire cette résine depuis la fin de Mai jusqu'à la fin de Septembre. Les arbres vigoureux en donnent plus que ceux qui sont trop jeunes ou trop vieux. Un melese dans la force de l'âge peut fournir tous les ans sept à huit livres de térébenthine pendant quarante ou cinquante ans. C'est dans la vallée de S. Martin & dans le pays de Vaudois en Suisse, que s'en fait la plus grande récolte, & c'est à Briançon ou à Lyon qu'on la porte vendre. On trouvera sur ce sujet un détail plus circonstancié dans le traité des arbres de M. Duhamel, au mot Larix. L'agaric est une espece de champignon qui croît sur le tronc du melese. On croyoit que cette production étoit une excroissance, une tumeur causée par la maladie, ou la foiblesse de l'arbre; mais M. Tournefort considérant l'agaric comme une plante, l'a mise au nombre des champignons; & M. Micheli a prétendu depuis avoir vû dans l'agaric des fleurs & des semences. On distingue encore un agaric mâle, & un agaric femelle. On ne fait nul cas du premier; mais le second est d'usage en Médecine: c'est un purgatif qui étoit estimé des anciens, & qui l'est fort peu à présent. Voyez le mot Agaric. Outre le melese ordinaire auquel on doit principalement appliquer ce qui vient d'être dit, on connoît encore quelques especes de cet arbre, savoir: Le melese à fruit blanc: c'est la couleur des petits cônes naissans qui en fait toute la différence. Ils sont d'un blanc très - éclatant, au lieu que ceux du melese ordinaire sont d'une couleur pourpre très - vive. On peut encore ajoûter que les feuilles de l'espece à fruit blanc, sont d'un verd plus clair & plus tendre. Le melese de Canada, ou le melese noir: ses feuille; sont moins douces au toucher & d'un verd moins clair; cet arbre est encore bien peu connu en France. Le melese d'Archangel: tout ce qu'on en sait, c'est qu'il donne ses feuilles trois semaines plutôt que le melese ordinaire, & que ses branches sont plus minces & plus disposées par leur flexibilité à s'incliner vers la terre. M. d'aubenton le Subdelégué. Melese, (Mat. med.) [Auteur: Venel] (Page 10:314) Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, par une Société de Gens de lettres (1751-1772) |