L'arbre (roman) Hier matin, j'ouvre la porte de chez moi, comme tous les jours. Machinalement.
Ce sont des gestes quotidiens qui se font sans y penser pour tout un chacun.
J'ouvre donc. Et la porte de chez moi ne donne plus dans ma rue. Une rue étroite
avec l'horizon à 2m50. [...] J'ai entendu quand Marie a parlé de l'arbre. En réalité,
il est là depuis longtemps. Peut-être depuis toujours. C'est même
la première chose que j'ai vue le jour de mon déménagement,
ce grand sapin. Et j'ai pensé : faudra faire attention quand les enfants
voudront y monter. J'avais raison. L'arbre est si grand que le jour du feu d'artifice,
ils s'y sont perdus. Plus moyen de redescendre. Ils s'étaient trop avancés
dans le feuillage, et moi je les ai cherchés jusqu'au soir. Heureusement
que dans ce quartier, une fois la nuit tombée, la circulation qui s'apaise
laisse entendre nos bruits à nous. Alors forcément j'ai entendu
mes gosses qui criaient là-haut, perchés sur une branche. Celle
qui arrive au niveau de l'étage de la cantine. Il a fallu faire venir
les pompiers qui ne voulaient pas se déranger parce qu'ils croyaient
que c'était pour un chat. Mais le voisin de la rue d'à côté
fait partie du conseil municipal. C'est lui-même qui a téléphoné
une seconde fois aux pompiers. Comme c'était pour des mômes, ils
sont venus et j'ai eu drôlement honte à déranger comme ça
tout le monde. [...] " Nous sommes enfin arrivés sous un arbre. Je ne
savais pas qu'il y en avait un de ce côté de la ville. J'ai écouté.
Il n'y avait aucun bruit et ça m'a rassuré. C'était donc
qu'on était seuls à venir tenter cette expérience érotique
dans les branches de l'arbre.- Maintenant faut grimper ! Ils savaient par où
c'était plus facile. Je me suis rendue compte à ce moment là
combien le tronc était grand. Mais je n'ai pas pu deviner quel arbre
c'était. Ça sentait bon une espèce d'â |