L'ombre des arbres dans la rivière embrumée

Le rossignol qui du haut d'une branche se regarde dedans, croit être tombé dans la rivière.
Il est au sommet d'un chêne et toutefois il a peur de se noyer.

L'ombre des arbres dans la rivière embrumée
Meurt comme de la fumée
Tandis qu'en l'air, parmi les ramures réelles,
Se plaignent les tourterelles.

Combien, ô voyageur, ce paysage blême
Te mira blême toi-même,
Et que tristes pleuraient dans les hautes feuillées
Tes espérances noyées !

Paul Verlaine (1844-1896)
Extrait de Romances sans paroles de Paul Verlaine