Désolé pour la réponse tardive, j'ai dû m'absenter.
"je ne sais pas quel est ton métier, mais si tu ne travailles pas dans le domaine, tu peux y songer!"
Moui... pour le moment je fais juste part de mes réflexions naissantes dans le domaine. En terme de business plan c'est lamentable mais j'en tire tout de même quelques bénéfices (si la connaissance a un coût, son partage n'a pas de prix).
Je suis surtout curieux et un autodidacte patenté. Par ailleurs je fais du bonsaï depuis deux ans, autrement dit la culture d'arbres en pot, ce qui m'a donc amené à m'interroger sur le fonctionnement d'un arbre d'une part et celui d'un sol (ici fort limité) d'autre part. J'ai ainsi trouvé deux paternités qui font sens, d'après moi, dans ces deux domaines : Francis Hallé pour les arbres, le couple Bourguignon pour les sols.
"je vais donc dès cet automne refaire des tas de feuilles de chênes et autres châtaigniers sans les étaler"
Il suffit de les mettre (en priorité) directement au pied des arbres/arbustes existants (façon paillis, sur au moins 10 cm).
S'il y en a plus, étendre ces surfaces (les zones périphériques aux surfaces déjà paillées seront les plus faciles à "ensemencer") et/ou pailler des portions où tu envisages de planter : cela prépare le terrain > amène la vie > décompacte le sol > facilite la plantation et la reprise des végétaux > plus de réussite, moins d'entretien.
Tu peux aussi mettre le bois mort qui, naturellement, tombe au pied des arbres. Cela augmente la masse de champignons lignivores, fournit le gîte à certains prédateurs "auxiliaires" (type carabe) et limite l'érosion (feuilles emportées par le vent, le ruissellement).
"C'est d'ailleurs le tas de feuilles de châtaigniers que tu as confondu avec de la rocaille"
Eurf... mea culpa, j'imaginais que tu en avais plus que ça. Maintenant je ne suis plus du tout sûr que ça vaille le coup de l'étaler (surtout si des châtaigniers poussent dedans) car, rien que sur la zone montrée par la photo, il faudrait 10 tas comme celui là pour couvrir les ilots que j'ai matérialisé en bleu...
Ce tas est d'ailleurs assez représentatif de ce qu'il faut idéalement en épaisseur pour la litière des ilots.
Donc à mon avis :
_ laisser ce tas qui constitue ton 1er ilot de litière/végétation (ça se fête)
_ consacrer la future litière au pied des arbres (zones bleues, plus petites que sur le dessin s'il le faut, s'élargissant d'année en année fonction de ce que tu peux leur apporter).
"Dans cette même zone j'ai un gros tas de débris (tailles de laurier sauce/sapin/pin) qui date du printemps et qui est déjà habité par un bon nombre de bestioles."
J'imagine que cette sélection n'est pas due au hasard...

Effectivement cela ne pourra pas servir pour l'aggradation de ton sol mais plutôt de gîte à la faune. La plupart des conifères, et dans une moindre mesure les aromatiques et odorifères, sont riches en terpènes (hydrocarbure végétal > antiseptique, insecticide et fongicide) qui rendent leur bois lent à décomposer, inhibiteur pour de nombreuses plantes et acidifiant du sol.
On peut aussi utiliser ces produits en paillis essence par essence (le pin au pied du pin, etc.) et éventuellement pour les espèces dites de terre de bruyère.
"dans la fameuse zone à reboiser, le sol est surtout recouvert de bruyère, est ce que tu crois qu'il faut que j'enlève tout (au risque de bouleverser ce biotope) pour y semer d'autres plantes ou est ce que je peux me contenter de créer ces fameux ilots?"
Tout enlever surtout pas. Toute végétation présente sur la lande est un pas supplémentaire vers ton objectif car elle :
_ fixe et protège le sol des extrêmes climatiques (sableux = instable)
_ fournit de la MO en mourrant (peu mais non négligeable sur ce genre de terrain)
_ attire et fixe flore et faune microbienne (rare pour le moment)
_ puise et fixe les nutriments (sableux = lessivable)
La bruyère s'y implante car le sol et l'exposition lui conviennent aujourd'hui. En poussant les arbres produiront de l'ombre (fraicheur relative, luminosité réduite) et ton sol va se modifier (pH remonté/stabilisé par la vie du sol) : ces deux simples paramètres évoluant, la bruyère disparaitra d'elle même, signe que le "biotope" change. D'ailleurs elle ne disparaitra pas totalement, elle sera en fait repoussée en lisière du "petit bois".
En attendant elle est d'une grande utilité et il serait absurde de remplacer "de force" une espèce par une autre (la force est toujours coûteuse et pas forcément couronnée de succès).
La forêt est un iceberg. On pense qu'une forêt c'est la somme d'individus d'espèces particulières alors qu'une forêt c'est avant tout (dans le temps et l'espace) un sol : sans sol forestier, pas de forêt. Or ce sol se fabrique, étape par étape, de strate végétale en strate végétale.
Mon modeste point de vue est de tenter de faire (à travers toi) en 50 ans ce que fait seule la nature en 150, d'où l'idée du "coup de pouce" pour aller de 3 à 5 fois plus vite (toute l'idée est là). Il suffit de mimer la nature en augmentant les doses (même si, à notre niveau, ça reste assez caricatural). Exemples :
_ En accumulant de la MO tu apportes en 1 an ce qu'elle aurait produit en 5.
_ En semant par poignées des pionniers (comme le bouleau) une année revient à plusieurs années de semis naturels successifs.
_ En préparant les sols pour l'instant vierges (c'est là que tu peux gagner le plus de temps car une lande rase le reste naturellement très longtemps) tu vas gagner des décennies d'évolution.
Ensuite c'est une question incontournable de génétique : pour avoir un chêne de 50 ans bah il faut attendre 50 ans... Là dessus on ne peut pas jouer, si ce n'est sur la sauvegarde des plants actuels (d'où le principe des zones "protégées", de l'éclaircissement pour favoriser les plus forts etc.) pour que tu ais (toi ou tes enfants) dans 50 ans des arbres forts de 50 ans et non de 30 ou 40 seulement...
Au risque de me répéter, la priorité est donc de préserver tout ce qui peut/veut pousser naturellement, c'est toujours ça de gagné sur la fabrication de ton sol. En sus ça ne demande aucun travail, aucun frais.
Dans ce cas précis, on ne fait que de la gestion de concurrence (par exemple éloigner deux châtaigniers qui poussent à 10 cm l'un de l'autre > l'un des deux mourra ou endommagera l'autre, autant le récupérer et le déplacer).
Et si une espèce tend à disparaitre sous la compétition d'une autre, c'est que le processus fonctionne (là aussi on pourra éventuellement déplacer ces plants mourants vers d'autres zones où ils seront plus utiles et plus vifs).
Les coups de pouce :
_ Apporter de la MO, surtout carbonée (pour alimenter les champignons, début du processus) et de la matière azotée (en mélange ou en couche avec la MC)
> idéalement du BRF de feuillu caduc (le plus rapide)
> toute litière végétale (feuilles, bogues, petit bois mort de feuillu caduc)
> carton (voir "lasagna-bed")
> paille, foin
> copeaux, sciure de feuillu caduc (les scieries en donnent parfois)
> compost et fumier mûrs
> déchets de tonte (sans excès = soit en mélange, soit en fine couche, soit pré-compostée)
_ Créer un couvert végétal (fixation/protection + éléments nutritifs)
> idéalement légumineuses pré-citées
> les dits "engrais verts" autres
Pour toi (peu envahissant, sur terrain sec) me semblent indiqués (du moins à tenter) moutarde blanche, sarrasin (gélifs) et le triticale (graminée qui fournit de la paille), voir ici :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Engrais_vert
http://fr.ekopedia.org/Engrais_vert
> les vivaces (ex. Erigeron karvinskianus)
> les annuelles/bisannuelles qui se résèment (ex. Oenothera biennis)
Concernant ce couvert il s'agit de faire un peu d'expérimental : difficile de dire ce qui prendra parmi les végétaux cités. La plupart s'implanteront mieux dans les ilots de litière mais certaines peuvent pousser directement dans la lande (c'est le but premier), l'idéal étant entre les pieds de bruyère (ils se protègeront l'un l'autre).
Les coups de pouce supplémentaires :
_ pulvérisation/arrosage de purins (ortie, consoude, valériane) au printemps, sur les zones couvertes (sur les zones nues ce sera en majorité perdu) > attire/nourrit vie microbienne (fonctions "activateur de compost" + fertilisant "véritable")
_ créer du relief sur les parties en pente qui ruissellent/s'érodent, pour retenir eau et humus (voir principe de la "restanque") > les pierres récoltées lors des plantations seront bien utiles
Il y en aurait sûrement d'autres mais le sujet est vaste...
"je commence à y prendre gout, et d'un projet que je voulais "rapide", je me tourne vers un challenge (grâce à toi) qui consiste à faire évoluer un biotope vers un autre en respectant les cycles naturels, ce qui doit d'ailleurs être la méthode la plus pérenne."
La plus pérenne mais aussi la plus logique, la plus facile et peut-être même la plus rapide finalement. Simplement on nous a inculqué que ces deux notions sont incompatibles : aller vite impose de jeter et détruire.
Mais la nature est bien plus merveilleuse : pérennité et rapidité vont dans le même sens de l'évolution, du progrès. Prenons pour exemple tes petits chênes : implantés spontanément, ils seront plus rapides et pérennes que des arbres identiques transplantés depuis une pépinière. Chez ces derniers, pour avoir la même vigueur, il faudrait leur creuser à chacun des fosses de plantation d'un demi mètre cube, avec presque autant de terreau de feuilles. Sans compter sur l'attention qu'il faudra leur prêter au moins un an ou deux (arrosage, oïdium possiblement fatal etc.) et rien ne dit qu'il ne mourront pas tous d'une attaque cryptogamique dans 30 ans (dégénérescence génétique, racinaire endommagé lors de la plantation...) ou d'un coup de vent (pivot coupé ou tordu pour raison commerciale). Tandis que pour tes chênes spontanés, outre l'entretien quasi nul, ce risque est considérablement réduit puisque semés et sélectionnés naturellement : mille glands faibles sont morts donc les quelques survivants que tu observes sont des brutes, avec de jolis pivots sains (à priori) qui dans peu de temps baigneront dans la nappe phréatique.
Cette histoire est un peu celle de la fable "Le lièvre et la tortue"...
Hâtes-toi de prendre ton temps et ce petit bois sera plus que rêve.
"pour l'instant pas de petite couleuvres ou autres cousine....quelques orvets, des grenouilles rousses, 1 rainette et une salamandre"
Je pensais qu'il leur fallait un minimum d'humidité, ce qui est rare sur une lande. C'est le cas de ton terrain ? Il y a de l'eau à proximité ?
Je reviens sur diverses choses :
- Les grands bouleaux
D'après moi cette espèce est celle qui sera la plus efficace (facilité d'installation dans une lande et vitesse de croissance) pour arriver à ton but rapidement : personnellement j'exploiterais à fond cette ressource gratuite.
J'ai peut-être exagéré sur la dimension de la prairie (et reconnais qu'avec toshop c'est plus facile à faire huhu). Il y a peut-être plus malin surtout si tu veux laisser de la pelouse : récupérer de la graine mûre en masse et semer sur toute la lande. Quelques heures de semis t'épargneront plusieurs jours de plantations.
- Le genêt
A mon avis il serait vraiment intéressant pour la première étape de ton petit bois. Il préparerait favorablement le terrain aux arbres car à la fois légumineuse et arbuste (bien plus efficace qu'un trèfle à mon avis). Penses-tu vraiment que ce ne soit pas gérable, sachant que ce n'est qu'une étape et qu'ils disparaitront d'eux-même une fois les arbres installés ?
- Le Taxodium distichum
Vue la sècheresse relative de ton terrain (à en juger la pelouse), je me demande où tu as péché l'idée de planter un cyprès chauve, l'un des rares arbres de cette planète à vivre les pieds dans l'eau... Il est dans un site particulier ?