Bah je ne suis pas un spécialiste mais c'est un chancre à n'en pas douter. Je n'ai commencé à m'intéresser à cette maladie (je devrais mettre le pluriel) quand elle s'est déclarée il y a deux ans chez moi sur
prunier et cerisier. Et cette année j'ai découvert qu'un sorbier est touché...
Il faut préciser que le monde des champignons est très peu étudié donc peu connu, alors qu'ils représentent un règne à eux seuls (il y aurait beaucoup de choses à dire sur notre incompétence éhontée mais c'est un autre débat)...
Le deuxième élément est qu'on ne les aborde que du point de vue économico-économique, par conséquent les chancres ne sont que très vaguement nommés et uniquement en référence aux fruitiers, essences sylvicoles et ornementaux urbains (rentabilité oblige). Dans ce cas les arbres sont observés par le petit bout de la lorgnette puis simplement supprimés et brulés, sans plus d'investigation sur l'origine du problème.
Le troisième élément, qu'on oublie souvent, est que la nature, ni odieuse ni magnanime, supprime systématiquement les êtres les plus fragiles. Autrement dit un chancre, par exemple, se déclare sur un sujet vulnérable. L'ennui est que cette vulnérabilité peut avoir mille raisons d'être : plant malmené dès le départ, mal planté, espèce pas à sa place, nature impropre du sol, aléas climatiques type canicule ou hiver doux, blessures diverses, etc. etc.
Bref, on comprend vite pourquoi le particulier, qui n'intéresse finalement personne, est passablement démuni avec son misérable ornemental que notre système invite à... remplacer (pour éviter les questions embarrassantes et faire tourner la boutique).
Enfin, si on voulait faire un peu d'anthropomorphisme (ce que je n'aime pas mais ça permet de comprendre), il faut considérer les chancres comme des maladies mortelles type cancer, virus HIV etc. : si on ne fait rien l'arbre meurt en moins de dix ans, et faire quelque chose ne sert généralement qu'à repousser l'échéance (à ma connaissance les cas de "rémission" sont rarissimes).
A partir de là chacun fait en fonction de ses moyens (temps, argent, compétence...) et du niveau d'affect porté à l'arbre (paramètre largement inconsidéré mais non négligeable selon moi).
Concernant cet arbre je n'ai qu'une certitude : la branche touchée est définitivement perdue et l'arbre dans son ensemble est mal en point (le tronc lui-même est attaqué).
Pour le reste il y a un gros curetage à faire, comme je l'ai indiqué dans le post d'Elzéard.
Le problème du chancre est qu'il est comme un iceberg : la partie réellement touchée par le mycellium dépasse de beaucoup la partie visiblement atteinte.
En rouge les zones à cureter, sachant que c'est un minimum et qu'on ne découvre l'étendue des dégats qu'au moment des travaux.
Je crains que la charpentière désignée par la flèche bleue ne soit perdue à terme car le chancre ne permet plus son alimentation en sève que de façon sporadique (d'où la nécrose de la branche au dessus cette année) : après curetage il y a de fortes chances que toute la charpentière meure l'an prochain (d'après moi elle serait morte de toute façon vu le stade avancé). L'idée serait peut-être de la supprimer par anticipation, pour que l'arbre concentre ses efforts sur les deux autres.
Par la suite, chaque année, il faudra systématiquement :
_ supprimer/cureter les nouvelles zones atteintes
_ ramasser et bruler ces déchets ainsi que les feuilles à l'automne
_ croiser les doigts