PEUPLIER, (Hist. nat. Botan.) (Page 12:477)

PEUPLIER, s. m. populus. (Hist. nat. Botan.) genre de plante à fleur en chaton, composée de plusieurs petites feuilles qui ont des sommets. Cette fleur est sterile; les jeunes fruits naissent sur des especes de peupliers qui ne portent point de fleurs: ils sont disposés en épi, & composes de plusieurs petites feuilles, sous lesquelles on voit une sorte de cloche qui embrasse un embryon; cet embryon devient dans la suite une silique membraneuse & en épi, qui s'ouvre en deux parties, & qui renferme des semences aigrettées. Ajoutez aux caracteres de ce genre le port des especes du peuplier qui differe de celui des saules. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante.

Peuplier, (Jardinage.) (Page 12:477)

Peuplier, populus, (Jardinage.) grand arbre qui croit naturellement dans les climats tempérés de l'Europe & de l'Amérique septentrionale. Il fait une tige droite qui loin de se confondre avec les branches, conserve toujours une pointe jusqu'à la plus grande elevation de l'arbre. Sa tête est garnie de quantité de rameaux qui sont grêlés & un peu courbe, a cause de leur disposition naturelle à se dresser du côté de la principale tige. Son écorce, d'une couleur jaunâtre, est long - tems lisse & unie: il ne s'y fait des gersures que quand l'arbre est avancé en âge. Ses racines sont fortes, & s'enfoncent assez profondément dans la terre. Sa feuille est lisse, dentelée, & d'un verd brun; elle est légerement: arrondie par le bas, & se termine rapidement en pointe. Tous les peupliers ne produisent pas des graines; les fleurs mâles viennent sur des arbres différens de ceux qui produisent les fleurs femelles propres à donner des semences. Les fleurs mâles sont des chatons d'une couleur rougeâtre d'assez jolie apparence, qui paroissent au commencement d'Avril, & qui tombent au bout de quinze jours ou trois semaines. Les fleurs femelles qui donnent la graine, sont rassemblées sur un filet commun, de même forme que les chatons, mais de couleur d'herbe, & qui ne tombe que long - tems après, lors de sa maturité, vers la fin de Mai ou le commencement de Juin: dans ce tems, les graines qui sont fort petites & terminées par une aigrette, sont dispersées par le vent.

Le peuplier doit être mis au nombre des plus grands arbres, & il mérite de tenir le premier rang parmi ceux qui se plaisent dans un terrein aquatique. Cet arbre croit très - promptement, le multiplie avec la plus grande facilité, & résiste à toutes les intemperies des saisons. Son utilite s'étend à divers usages très - profitables à la société.

Le peuplier peut venir dans différens terreins, mais il réussit infiniment mieux dans les lieux aquatiques, autour des étangs, le long des rivieres, sur le bord des ruisseaux, & il se plait singulierement sur les berges des fossés remplis d'eau. Cet arbre vient mieux dans les vallons que dans les plaines, & il se contentera plûtôt dans cette derniere position que de celle des côteaux; il languit sur les hauteurs, il dépérit dans les terreins secs & sablonneux, & il ne dure pas long - tems dans les terres argilleuses, trop fortes ou trop dures.

Cet arbre se multiplie de rejetton, de plançon & de bouture; mais ce dernier moyen etant la voie la plus facile, la plus prompte & la plus assurée, c'est celle dont on doit se servir. Ces boutures se font après l'hiver, aussi - tôt que la terre commence à être praticable; il faut choisir de préference absolue, les rejettons de la derniere année les plus sorts, les plus vigoureux, & les plus unis, car le bois de deux & trois ans n'est point propre à cet usage. On coupe les boutures d'un pié ou de quinze pouces de longueur; on les pique dans la terre en les couchant & les tournant de façon qu'il y ait un oeil en - dessus qui puisse pousser perpendiculairement. Ces boutures ne doivent sortir de terre que de deux ou trois yeux: on peut les planter dans la place même où on veut les élever, à un pié ou quinze pouces les unes des autres, en rangées de deux piés ou de deux piés & demi de distance. On les laissera pousser à leur gré la premiere année; mais au printems suivant on coupera tous les rejettons, à l'exception de celui qui marquera le plus de disposition pour se dresser: les années suivantes on élaguera les jeunes plants à mesure qu'ils prendront de la force; mais chaque année on rabattra jusqu'au pié ceux qui seront d'une mauvaise venue, pour les obliger à former une nouvelle tige. Ces arbres au bout de quatre ou cinq ans auront communément dix à douze piés de haut, & seront en état d'être transplantés à demeure; ils sont à leur perfection à 25 ou 30 ans.

Le peuplier réussit aisément à la transplantation, & on peut le tailler dans toutes les saisons sans inconvénient; non pas à la façon des saules que l'on étête entierement, mais en coupant toutes les branches près de la maîtresse tige, au - dessus de laquelle on laisse un bouquet. Cette façon de tailler le peuplier

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tous les quatre ou cinq ans, est la meilleure pour en retirer de l'utilité; on peut même le couper plus souvent en menus branchages pendant le mois d'Octobre: on fait sécher ces rameaux avec leurs feuilles, c'est une excellente nourriture pour le bétail pendant l'hiver.

Le bois de peuplier est jaunâtre, souple, assez dur, passablement solide, mais un peu difficile à la fente; on en peut faire des pieces de charpente pour des bâtimens de peu de conséquence; on en tire aussi des planches de durée, si on les garantit de l'humidité. Les Sculpteurs l'emploient â défaut du tilleul; il est aussi de quelqu'usage pour les menuisiers, les Tourneurs, les Sabotiers, &c.

Cet arbre a quelques propriétés qui sont d'usage en Médecine. Les yeux ou les boutons des branches du peuplier, lorsque le mouvement de la seve se fait sentir au printems, se chargent d'une espece de gomme d'une odeur assez agréable; les bonnes qualités de ce suc visqueux le font entrer dans la composition du baume que l'on nomme populeum, qui est recommandable à plusieurs égards.

Les différentes especes ou variétés de peupliers, sont,

1°. Le peuplier noir; c'est à cette espece que l'on doit particulierement appliquer tout ce qui a été dit ci - dessus.

2°. Le peuplier noir, que l'on nomme vulgairement l'osier blanc. Il a plu aux gens de la campagne de l'appeller ainsi, parce qu'ils emploient dans les travaux de la vigne les jeunes branches de cet arbre en place de l'osier; pour cet effet ils l'assujettissent à la tonte comme l'osier, mais il n'est pas si convenable que ce dernier pour l'usage que l'on en fait. Les feuilles de cet arbre sont dentelées plus profondément & ondées sur les bords; & c'est ce qui sert principalement à le distinguer du peuplier noir ordinaire.

3°. Le peuplier noir de Lombardie; c'est une très jolie variété nouvellement venue d'Italie, où on en fait grand cas. Sa beauté consiste en ce que ses feuilles, qui ont beaucoup de ressemblance avec celle de l'osier blanc, sont d'un verd brillant très - vif, quoique foncé; & cette verdure qui est stable, ne s'obscurcit point sur l'arriere saison comme celle des feuilles du peuplier noir ordinaire; mais un autre agrément plus recommandable, c'est que le peuplier de Lombardie forme naturellement la pyramide bien plus que les autres arbres de son genre, au moyen de ce que ses branches affectent de se rapprocher de la maîtresse tige, ce qui rend cet arbre des plus propres à former des avenues d'une grande & singuliere apparence.

4°. Le peuplier de Canada, autre variété du peuplier noir qui a son mérite. Il prend plus de corps, sa tête est plus garnie de rameaux forts & épais, qui se dirigent plus en dehors que ceux du peuplier noir ordinaire, mais la maitresse tige ne pointe pas, & l'arbre prend moins d'élévation. Ses jeunes rameaux ont des cannelures, mais dont les arrêtes sont bien moins saillantes que dans le peuplier de la Caroline, dont il sera parlé ci - après; son écorce est jaunâtre, elle est sujette à contracter promptement beaucoup de gersures très - profondes. Sa feuille est plus grande, plus épaisse, plus obtuse à la pointe, & d'un verd plus clair que celle du peuplier noir ordinaire. Celui de Canada dont il s'agit ici, est encore rare en France: je ne connois pas l'espece mâle; tous les plants que j'ai de cet arbre sont de l'espece femelle. Le plus gros qui est âgé de 12 ans, a 35 piés de hauteur, sur trois de circonférencee: sa tête est aussi ronde que celle d'un tilleul. Il a 18 piés de tige, dont l'écorce est extrèmement & profondement sillonnée; cependant l'aspect n'en est point désagréable, parce que les gersures se rappellent l'une l'autre en s'adoucissant; elles font un compartiment varié, & la couleur jaunâtre est uniforme. Quand l'arbre entre en seve au printems, ses boutons se gonflent & répandent au loin une odeur balsamique extrèmement agréable; au mois de Juin suivant, on voit tomber les filets qui portent la graine, & qui sont de trois, quatre & cinq pouces de longueur; mais ce qu'ils ont de remarquable, c'est que chaque loge qui contient ou doit contenir les graines, est remplie d'un duvet plus soyeux que le coton, & tout aussi blanc, qui se tient rassemblé autour des filets. L'arbre en produit une si grande quantité, que la terre en est couverte au pié de l'arbre lorsqu'ils sont tombés. Peut - être pourra - t - on trouver moyen d'employer cette matiere dans les arts. Par la comparaison qui a été faite de grosses branches de neuf pouces de tour que l'on a coupées de cet arbre, avec des branches de pareille force de peuplier noir & de tremble, il paroit que le bois du peuplier de Canada tient le milieu entre celui du peuplier noir & du tremble, pour la couleur & la consistance. Cet arbre seroit très - propre à former des avenues: il a plus de soutien que le peuplier noir; il est de plus belle apparence, & il est tout aussi robuste. Il se plaît dans un terrein frais & humide; mais ceux que l'on avoit plantés dans un terrein sec & élevé, y ont bientôt dépéri, & sont morts enfin.

5°. Le peuplier noir odorant, le tacamahaca, le baumier; cet arbre est originaire de la Caroline, où il ne se trouve que le long des rivieres: il y devient fort élevé, & il étend considérablement ses branches; mais il s'en faut bien que ce peuplier fasse de tels progrès en Europe. M. Miller, auteur anglois, assure que les plus grands arbres de cette espece que l'on ait vu en Angleterre, n'avoient que 15 ou 16 piés de hauteur; & on n'en a point encore vû en France qui aient atteint cette élévation. Ce peuplier fait une tige assez droite, & il affecte de diriger ses branches en - dehors. L'écorce des jeunes rameaux est d'une couleur rousse très - obscure; ses boutons sont fort gros, & toujours remplis d'une gomme jaune, épaisse & balsamique, dont l'odeur, quoique très - forte, n'est point désagréable; mais cette gomme est plus abondante quand l'arbre entre enseve, & elle regorge à l'insertion des feuilles dans les tendres rejettons: alors elle est plus liquide, & d'une odeur plus pénétrante. Ses fleuilles paroissent de bonne heure au printems, & dès la fin de Février; dans ce tems elles sont d'un jaune vif qui se change en un verd clair, puis en un verd brun & terne. Le dessous de la feuille est d'un blanc sale, mat & un peu jaunâtre; elle est grande, figurée en coeur, légerement dentelée & pointue. Je n'ai encore vu que les chatons de l'arbre mâle de cette espece de peuplier; ils paroissent en même tems que les feuilles; ils sont plus gros & plus longs que ceux du peuplier noir ordinaire, & d'un rouge plus apparent. Cet arbre veut absolument un terrein humide, sans quoi il languit: il est sujet à pousser des rejettons sur ses racines, qui peuvent servir à le multiplier; mais il est plus court de le faire venir de boutures, qui réussissent fort bien quand on les fait de bonne heure dans un endroit abrité, c'est - à - dire dès le mois de Novembre. Au lieu que si on les fait à la fin de l'hiver, le succès en est bien moins assuré. On peut encore l'élever de branches couchées, mais il ne réussit pas à la greffe sur le peuplier noir; car en ayant fait faire plusieurs écussons à la pousse sur des sujets de cette espece, ces écussons reprirent & pousserent bien pendant l'année, mais au printems suivant tous les sujets se trouverent morts & desséchés. Ceci sert à prouver qu'il ne suffit pas pour le succès de la greffe, que les parties solides & configurantes du sujet & de la greffe se correspondent, & qu'il faut encore de l'analogie entre les sucs féveux de l'un &

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de l'autre. Cet arbre m'a paru jusqu'à - présent suffisamment robuste pour résister en plein air dans ce climat. Ses feuilles se flétrissent & tombent de bonne heure en automne, même dès la fin de Septembre; il est vrai que cette feuille est assez belle au printems & en été. Mais cet arbre tire son principal mérite de sa gomme balsamique, qui pourroit être d'usage en Médecine; ce qu'il y a de certain, c'est que cette gomme est souveraine pour guérir les coupûres.

6°. Le peuplier noir de la Caroline; c'est sans contredit la plus belle espece de peuplier, qui n'est pourtant connue que depuis peu d'années en France, non plus qu'en Angleterre. Cet arbre est sur - tout remarquable par la grandeur admirable de ses feuilles, qui ont souvent 10 pouces de longueur, sur 8 à 9 de largeur; elles sont aussi légerement qu'agréablement campanées sur les bords: la verdure en est vive, brillante & stable: elles tiennent à l'arbre par de longs pédicules qui étant applatis sur les côtes, s'inclinent à contre - sens des feuilles ordinaires; ce qui fait que la feuille de ce peuplier est suspendue de côté. Vers la fin de l'été les principales côtes de sa surface se teignent d'une couleur rougeâtre qui fait avec la verdure un contraste singulier; mais l'accroissement de ce peuplier est un phénomene digne d'admiration: c'est de tous les arbres qui peuvent venir dans les climats tempérés de l'Europe, celui qui croît le plus promptement; il s'éleve & grossit d'une vîtesse surprenante. De jeunes plants d'un demi - pié de haut plantés dans une terre meuble & fraîche, ont pris en deux ans 15 piés de hauteur, sur huit à neuf pouces de circonférence, ayant des têtes de huit à dix piés de diametre, garnies de six, sept ou huit branches de cinq, sept & jusqu'à neuf piés de longueur. On peut regarder cet arbre comme un prodige - de végétation. Ce peuplier est encore remarquable par ses profondes cannelures, au nombre de quatre ou cinq, qui sont sur le bois de l'année, & dont le arrêtes sont saillantes & très - vives; ces arrêtes s'adoucissent avec l'âge, & laissent encore des traces sur le bois de deux & de trois ans. On ne connoit encore ni les fleurs mâles, ni la graine, ni la qualité du bois de cet arbre; quoiqu'originaire des contrées méridionales de la Caroline & de la Virginie, il est néanmoins fort robuste; il vient à toutes les expositions dans les lieux bas; il profite assez bien dans une terre franche, meuble & douée, mais il se plaît sur - tout dans l'humidité, pourvu qu'elle ne soit pas permanente: c'est - là sur - tout qu'il prospere & qu'il fait de grands progrès. On le multiplie de branches couchées, qui sont peu de racines en un an, mais qui ne laissent pas de reprendre; de boutures qui réussissent passablement quand on les fait des le commencement du mois de Novembre, & par la gresse, qui prend assez bien sur le peuplier noir ordinaire. Il m'a paru que le peuplier de Lombardie n'étoit pas à beaucoup près si propre à lui servir de sujet. Le peuplier de la Caroline est extrèmement convenable pour former des avenues, des allées, & surtout des salles en verdure & des quinconces, où cet arbre se défend mieux contre les vents impétueux, qui lui rompent quelquefois des branches.

7°. Le peuplier blanc a larges feuilles, que l'on nomme aussi grisaille d'Hollande, ou ypreau, ou franc picard, & en Angleterre abele, est un grand arbre qui ne pointe pas autant que le peuplier noir ordinaire, mais qui s'étend beaucoup plus, & qui grossit davantage: son accroissement est aussi plus prompt, mais moindre pourtant que celai du peuplier de la Caroline. Son écorce, qui est blanche & fort unie, ne se ride que dans un âge très avancé. Sa feuille en général est figurée en coeur, & découpée par les bords d'échancrures, les unes plus, & les autres moins profondes; elle est d'un verd fort brun en - dessous, & d'une extrème blancheur par - dessous qui est veloutée. Ses fleurs mâles & les filets qui portent la graine, paroissent & tombent en même tems que ceux du peuplier noir ordinaire. Les racines du peuplier blanc s'étendent beaucoup à la surface de la terre, ce qui le rend sujet à être quelquefois renversé par les vents. Il a le mérite particulier de réussir dans tous les terreins, même dans les lieux assez secs & élevés; il ne redoute que la craie, le gravier maigre & le sable pur; il se plaît dans les terres noires, grasses & argilleuses, mais il profite beaucoup plus dans les lieux bas & aquatiques, où il croît avec une extrême vivacité. Les intemperies des saisons ne peuvent rien contre cet arbre, que l'on peut multiplier très - facilement de boutures, mais plus promptement en le servant des rejettons qui viennent en quantité sur ses racines; il ne leur faut que trois ans de pepiniere pour les mettre en état d'être plantés à demeure. Il se garantit par lui - même des bestiaux, car ils ne veulent point de son feuillage, à ce que rapporte Ellis, auteur anglois. Le bois de ce peuplier est très - blanc; aussi est il tendre, léger, & facile à fendre; mais il est moins sujet à se gerser que beaucoup d'autres especes de bois blancs: c'est ce qui le fait employer par les Tourneurs, les Luthiers & les Layetiers. Les Menuisiers font aussi usage de ce bois, qui est excellent pour la boiserie, & sur - sout pour parqueter. Il sert aussi aux Charrons pour faire des trains de voitures légeres. Enfin le peuplier blanc est très - propre à former de grandes avenues le long des canaux & dans des fonds marécageux, où quantité d'arbres refusent de venir.

8°. Le peuplier blanc à petites feuilles. Cet arbre ne différe du précédent que par la figure de ses feuilles, qui sont plus petites & moins échancrées, ce qui le rend fort inférieure pour l'agrément.

9°. Le peuplier blanc à petites feuilles panachées. Il faut que cette variété soit d'un agrément bien médiocre, car les auteurs anglois n'en font aucun détail, quoiqu'en Angleterre on soit sort curieux de rassembler les arbres panachés.

10°. Le tremble. C'est un grand arbre, & l'espece la plus ignoble des peupliers: il a presque toujours un air chenu & dépérissant qui le dégrade; il vient communément dans les bois dont le sol est froid, humide, argilleux; il fait une tige assez droite qui ne grossit pas à - proportion de sa longueur. Sa tête est assez ronde. Ses racines tracent à fleur de terre, & poussent une grande quantité de rejettons. Son écorce, de couleur cendrée, paroît terne, matte, & seche comme si elle étoit morte. Sa feuille est presque ronde, fort unie, légerement campanée sur les bords, & d'un verd clair cendré assez joli; elles sont soutenues par de longs pédicules si minces, que les feuilles sont agitées au moindre mouvement de l'air. Ses fleurs mâles ou chatons paroissent des premiers, & plus d'un mois avant ceux des autres peupliers; ils sont d'une couleur rousse obscure; les filets qui portent la graine tombent à la fin de Mai. Nul agrément à attendre de cet arbre, & encore moins d'utilité, si ce n'est celle qu'on peut retirer de son bois, qui n'est guere propre pour le chauffage: c'est le moindre de tous les bois des différens peupliers pour l'usage des Arts; cependant les Menuisiers, les Tourneurs & les Sabotiers, l'emploient, & les Ebénistes s'en servent pour les bâtis propres a recevoir les bois de placage.

11°. Le tremble à petites feuilles. C'est une variété de l'espece qui précede, dont elle differe par sa feuille, & de plus par son volume. Le tremble ne devient ni si grand ni si gros que l'espece à large feuille; mais ce diminutif est compensé par la facilité qu'il a de venir avec quelques succès dans des terreins secs & élevés, & d'assez mauvaise qualité. (M. d'Au benton le subdélégué.)

Peuplier, (Mat. med.) [Auteur: Venel] {Machine Class: Pharmacie} (Page 12:479)

Peuplier, (Mat. méd.) peuplier noir, le peuplier noir fournit à la Pharmacie ses yeux ou bourgeons

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naissans, en latin ovili seu gemmae populi nigrx. Ces yeux sent enduits & pénétrés d'un sac balsamique d'une odeur sort agreable. Tournefort recommande contre les diarrhées invétérées & les ulceres internes, l'usage intérieur d'une teinture tirée des yeux de peuplier. Plasieurs auteurs en recommandent encore l'usage extérieur; par exemple, leur application en forme de cataplasme sur les hémorrhoides, &c. mais l'un & l'autre de ces usages est absolument négligé, & les bourgeons de peuplier ne sont absolument employés que dans la préparation de l'onguent populeum, auquel ils donnent leur nom, & dont voici la description d'après la pharmacopée de Paris.

Onguent populeum. Prenez des bourgeons de peuplier une livre & demie: broyez - les dans trois livres de sain doux, & gardez ce mélange dans un vaisseau de terre vernissé à orifice étroit & bien bouché dans un lieu temperé, jusqu'à ce que vous puissiez vous procurer dans le courant de l'éte les matieres suivantes: savoir feuilles de pavot noir, de mandragore, ou à son défaut, de belle de nuit, de jusquiame, de grande & petite joubarbe, de laitue, de glouteron, de violette, de nombril de Vénus, ou à sen défaut d'orpin, de jeunes pousses de ronces, de chacun trois onces; de morelle des boutiques, six onces; pilez toutes ces matieres; mêlez - les exactement avec votre sain - doux chargé de bourgeons de peuplier, mises à feu doux, en agitant de tems - en - tems dans un vaisseau couvert; passez, exprimez à la presse, & vous aurez votre onguent.

Cet onguent est d'un usage très - commun contre les tumeurs inflammatoires extérieures, & principalement contre les hémorrhoides très - douloureuses, dont il est regardé comme le calmant spécifique.

L'onguent populeum entre dans la composition de plusieurs médicamens officinaux externes; par exemple, cans le baume hypnotique, l'onguent contre la gale, l'onguent hémorrhoidal, & l'onguent épispastique de la pharmacopée de Paris. (b)

Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, par une Société de Gens de lettres (1751-1772)
Publié sous la direction de Diderot et d'Alembert
Scanné et mis au format électronique par l'Université de Chicago

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