Cytise-genet, (Hist. nat. bot.) [Auteur: Daubenton, Daubenton, Pierre] (Page 4:606)
Cytise - genet, (Hist. nat. bot.) cytiso - genista; genre de plante qui differe du genêt & du cytise, en ce que les unes de ses feuilles naissent une à une, & les autres trois à trois. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Cytise, Genet, Plante . (I)
Le cytise est un arbrisseau qui a la feuille en trefle, & la fleur légumineuse. On en connoît à présent de beaucoup d'especes, qui varient entre elles pour la hauteur de l'arbrisseau, pour la couleur des fleurs, la verdure du feuillage, & pour être plus ou moins robustes. Tous les cytises craignent le trop grand froid; aussi n'en voit - on aucun dans les pays du nord: la plûpart au contraire se trouvent dans les contrées méridionales, & quelques - uns s'accommodent des climats tempérés; d'où il s'ensuit que dans la partie septentrionale de ce royaume il faut leur suppléer différentes températures. Les uns, tels que ceux qui sont originaires des Alpes, résistent aux plus grands froids de ce climat. La plûpart peuvent aussi passer en pleine terre dans les hyvers ordinaires; d'autres ont besoin de l'orangerie, & quelques - uns veulent la serre chaude. Il regne aussi une grande différence dans le volume de ces arbrisseaux: il y en a de diverses tailles, depuis le cytise rampant qui s'éleve à peine à un pié, jusqu'au cytise des Alpes qui fait un arbre. Il n'y a pas moins de variété dans la couleur des fleurs, qui sont blanches ou pourprées dans quelques especes, ou jaunes dans la plûpart; & dans la verdure de leur feuillage qui est de bien des nuances, depuis le verd le plus foncé jusqu'au plus blanchâtre. Mais il est peu de ces arbrisseaux dont on puisse tirer quelqu'utilité; un peu plus que l'on cultive pour l'agrément, & le plus grand nombre sert tout au plus d'amusement à quelques curieux qui veulent faire des collections de tout, & qui se trouveront les plus intéressés au détail qui suit.
Le plus grand, le plus beau, & le plus utile des cytises, c'est le faux ébenier ou le cytise des Alpes: il s'éleve à dix - huit ou vingt piés, & il prend avec de la culture & du tems jusqu'à trois piés de tour: il donne au mois de Mai une grande quantité de grapes de fleurs jaunes qui ont souvent un pié de long, & qui sont d'une si belle apparence qu'on admet cet arbre dans la plûpart des plantations que l'on fait pour l'agrément. Son bois qui est fort dur, & qui se noircit dans le coeur en vieillissant, lui a fait donner le nom d'ébenier: on s'en sert à faire des palis & des échalas qui durent très - long - tems. Cet arbre se plaît dans les expositions les plus découvertes; Il vient dans tous les terreins, & réussit le mieux dans ceux qui sont médiocres. Il se multiplie fort aisément & de plusieurs façons, dont la plus courte est de semer la graine. Il croît si promptement dans sa jeunesse, qu'en deux ans il s'éleve à six ou sept piés: mais la grande quantité de fleurs qu'il donne bientôt rallentit son accroissement. Il est si robuste, que les hyvers les plus rigoureux ne lui portent aucune atteinte dans ce climat. Sa jeunesse est le tems où la transplantation lui réussit le mieux. Il ne craint point la taille, par le moyen de laquelle on peut le palisser ou lui faire une tête réguliere. Il a de plus l'avantage de n'être point sujet aux attaques des insectes, & de supporter l'ombre des autres arbres, qui peuvent même le dominer sans lui nuire. Cependant cet arbre qui est de tout agrément au printems, n'en a plus aucun en automne, par rapport à la grande quantité de graines qui le couvrent, & qu'il retient pendant tout l'hyver. On distingue plusieurs variétés dans les cytises des Alpes.
L'un a la feuille large; c'est celui qui s'éleve le plus: on le trouve aussi à feuille panachée de blanc.
Un autre a la feuille étroite, & la grape de ses fleurs plus longue: c'est celui qui a le plus d'agrément.
Et un troisieme qui a les grapes de ses fleurs plus courtes: c'est le moindre de tous.
Le cytise de jardins. On peut bien appeller ainsi l'espece désignée par C. Bauhin sous la phrase de cytise à feuilles lisses arrondies dont le pédicule est très court, parce qu'en effet c'est le cytise qu'on cultive le plus pour l'agrément. C'est un arbrisseau fleurissant fort joli, qui s'éleve à cinq ou six piés, & qui produit au mois de Mai une grande quantité de fleurs jaunes d'une belle apparence. On peut le multiplier de branches couchées ou de graines qui sont mûres au mois d'Août, & qui tombent promptement; mais le plus court sera de la faire venir de boutures, qui étant faites au printems, s'éleveront à deux piés, & seront en état d'être transplantées l'automne suivante: & même j'ai vû réussir des boutures de cet arbrisseau qui n'avoient été faites qu'au mois de Juillet; ce qui est très - rare parmi les arbres qui quit tent leurs feuilles. Ce cytise est fort susceptible de plusieurs formes: on peut lui faire une tête ronde, & sur - tout en former de petites palissades pour lesquelles il est tout - à - fait convenable, à cause qu'il se garnit de quantité de rameaux, qu'il ne quitte ses feuilles que des derniers, & que tous les terreins lui conviennent.
Le cytise verd foncé. C'est encore un bel arbrisseau fleurissant qui est très - robuste, qui ne s'éleve qu'à cinq ou six piés, & auquel on peut donner une forme réguliere. Il se couvre au mois de Juin d'une quantité de grapes de fleurs jaunes plus longues que celles du précédent, qui se soûtiennent aussi droites, mais qui durent plus long tems. On peut le multiplier & l'élever de la même maniere que celui qui précede.
Le cytise velu, est ainsi nommé parce que ses feuilles sont couvertes d'une espece de duvet roussâtre. C'est un petit arbrisseau fleurissant qui a pris faveur en Angleterre, où on le cultive à présent en quantité dans les pepinieres. Il est assez robuste pour passer l'hyver en pleine terre. Il fleurit dès le commencement d'Avril, & on peut le multiplier & l'élever aussi aisément que les précédens.
Le cytise rampant. Cet arbrisseau qui s'éleve d'environ un pié, se trouve communément en Bourgogne sur les montagnes, au couchant de la ville de Dijon. La plûpart de ses branches s'inclinent naturellement & rampent par terre. Ses fleurs d'un jaune obscur viennent en maniere de couronne au bout des branches au commencement de Juin, & durent jusqu'à la fin de Juillet: les gousses qui renferment la graine sont garnies d'une sorte de duvet, de même que les feuilles en dessous. Cet arbrisseau est très robuste, vient dans les plus mauvais terreins, & se multiplie très - aisément; mais il n'a nul agrément.
Ce sont là les especes de cytise les plus robustes, & qui étant par conséquent les plus intéressantes & les plus utiles, puisqu'elles peuvent résister en plein air dans ce climat; j'ai eu plus occasion de les observer que les suivantes, sur lesquelles on peut très bien s'en rapporter à M. Miller dont j'ai extrait ce qui suit.
Le cytise des Canaries. C'est un petit arbrisseau toûjours verd dont la feuille est blanchâtre, & qui est trop délicat pour passer l'hyver en pleine terre dans ce climat: il lui faut l'orangerie, dont il fait l'ornement aux mois de Mars & d'Avril, qui est le tems de ses fleurs. On peut le multiplier de graines & de branches couchées.
Le cytise épineux. Il faut des précautions pour élever cet arbrisseau de semence pendant les premieres années; & on ne doit pas manquer de lui faire passer l'hyver dans l'orangerie. Mais quand il sera devenu ligneux, on pourra l'exposer en pleine terre à une situation chaude, où il résistera aux hyvers ordinaires. Il fleurit au mois de Mars, & n'a pas grand agrément.
Le cytise de Montpellier. Arbrisseau assez joli qui s'éleve à huit piés, qui fleurit au mois de Mai, & auquel on peut faire une tête réguliere: mais comme les grands hyvers le font périr lorsqu'il est en pleine terre, il faut pour l'élever de semence autant de précautions que pour le précédent.
Le cytise à feuilles blanchâtres & à gousses longues. La meilleure qualité de cet arbrisseau est de fleurir au mois de Septembre, où bien peu d'autres arbrisseaux donnent des fleurs.
Le cytise velu à fleurs jaunes pourprées.
Le cytise verd.
Le cytise de Portugal à feuilles de luzerne. Ses fleurs naissent aux aisselles des feuilles.
Le cytise de Portugal à fleur blanche. Ses feuilles sont argentées & très - petites.
Le cytise de Portugal à grande fleur. Ses feuilles sont petites, & les gousses qui renferment sa graine sont larges & velues.
Le cytise à feuilles argentées.
Le cytise du Levant à grandes feuilles blanchâtres en - dessous.
Ces huit dernieres especes de cytise sont de petits arbrisseaux qu'on cultive rarement, & dont il ne paroît pas qu'on fasse grand cas. Mais comme ils sont originaires des pays méridionaux, ils ne sont pas assez robustes pour résister aux grands froids de ce climat. Cependant lorsqu'ils seront forts & ligneux, ils pourront y passer les hyvers ordinaires en pleine terre, dans une bonne exposition, où ils se défendront encore mieux des gelées si on les plante parmi d'autres arbrisseaux. On pourra les multiplier de graine avec quelques précautions & le secours de l'orangerie.
Le cytise d'Afrique. Cet arbrisseau dont la feuille est étroite & velue, étant plus délicat que tous ceux qui précedent, & ne pouvant passer l'hyver en plein air, il faut le traiter comme les orangers.
Le cytise d'Amérique. Cet arbrisseau a l'écorce garnie d'une espece de duvet qui la fait paroître soyeuse. Il est si délicat qu'il ne réussira pas dans ce climat, à moins que de lui faire passer l'hyver dans une bonne serre.
Le cytise à fruit blanc. On cultive cet arbrisseau dans les Indes occidentales à cause de son utilité: il se plaît dans les plus mauvais terreins, & il rapporte quantité de fruits, qui étant bons à manger, servent quelquefois d'aliment aux gens du pays: mais le principal usage qu'ils en font c'est d'en nourrir les pigeons; ce qui l'a fait nommer le pois des pigeons. On donne aussi les branches de l'arbrisseau avec le fruit même & les feuilles à différens bestiaux pour les bien engraisser. Mais on ne sauroit en tirer le même parti dans ce climat, parce qu'il est si délicat qu'il lui faut une serre à feu pour passer l'hyver.
Le cytise - indigo. C'est une plante vivace qu'on distingue des autres especes de cytises, en ce que ses feuilles n'ont presque point de pédicule, & que le calice qui soûtient la fleur est garni de trois petites écailles. On se sert de cette plante dans la Louisiane pour faire de l'indigo. Cependant on ne l'éleve que difficilement en Angleterre, où elle se trouve délicate pour le climat: & comme elle ne réussit pas bien en pot, & qu'il faut la tenir en pleine terre, il faut avoir soin de la défendre des gelées pendant l'hyver. Elle trouveroit probablement un degré de chaleur plus convenable dans les provinces méridionales de ce royaume.
Le cytise à feuilles ovales. C'est un petit arbrisseau qui ne s'éleve qu'à trois piés, & dont on fait quelqu'estime parce que ses fleurs viennent de bonneheure au printems. Il est très - robuste, mais fort rare.
Le cytise de Sibérie. Sa feuille est blanchâtre &
étroite, & ses fleurs viennent en bouquets au bout des branches. Cet arbrisseau, quoique robuste, est encore peu répandu.
Enfin Tournefort rapporte encore plus de quinze especes de cytises, qui ne sont pas assez connues pour en parler ici. (c)
Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, par une Société de Gens de lettres (1751-1772)
Publié sous la direction de Diderot et d'Alembert
Scanné et mis au format électronique par l'Université de Chicago
2,75 €
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