Mon Portrait

Je suis de bois, mes mains et mon visage.
De bois je suis, oui, de dur coeur de chêne,
Oeuvre gauche d'un sculpteur malhabile
Mais les forêts frémissent dans mon coeur.

Je suis léger jusqu'au bout de mes branches,
Mal équarri du torse et lourd de tronc.
Mais des oiseaux y peuplent mes dimanches,
Les vents y font virer leurs escadrons.

Arbre perdu dans les futaies humaines
Où la cognée bat parfois sourdement,
Arbre pleurant ses lyres incertaines,
Arbre immobile en la forêt dormant,

Ecartelé d'incessantes tempêtes,
Indifférent au souffle chaud des bêtes,
Aveugle et sourd aux sources dans la mousse,
Déjà prêt pour sa chute ténébreuse,
Déjà paré pour son éternité.

Maurice Fombeure (1906-1981)

Divertissements


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