Je tends la main vers l'olivier soluble 
      Ombre dans la vitre du feu 
      La maison a brûlé comme une enfance 
      Occupé à des jeux à des fourmis 
      Ô vous, donnez-nous un peu de vin 
      Qu'on le boive avec les grands les purs 
      La rivière est désormais dans la chambre 
      Il faut ne pas faire de bruit et boire et seulement attendre 
      Venez ici enfants venez m'attendre 
      Sur ce quai d'une gare oubliée par les trains 
      Aucun enfant, sa main dans ma main, n'est venu 
      Et dans ma main c'est la main de l'enfant mort 
      Il continue d'aller par ses chemins faillibles 
      Sous la profondeur verte et les déchirements du vrai ciel 
      C'est fini. J'ai restitué les mots 
      Aux maîtres vénérés de la parole 
      Habillée déshabillée elle est semblable 
      A la fiancée visible 
      Habitée par la viduité lunaire 
      Vivant laurier entourant ses yeux courroucés de colombe 
      Et je lui dis : mon cœur ma transparente 
      Viens avec moi là-bas où l'olivier 
      Conserve avec pureté l'instant éternel de ma mort

La flamme est endormie dans le feu de la flamme Comme un nuage enveloppant l'enfant Au sein de la fraîcheur de ce bosquet laiteux Près du puits où l'enfant sera jugé Ses anges devant lui Sont de terre et verdoyants de ce qu'il est Ô lune immaculée comme un torchon perdu Blanche éclairant chaise et jardin Dans ce lieu lié par le fer Où plusieurs se sont retrouvés pour saluer la foudre Assise, belle, dans la majesté des jardins La rivière étant remontée vers l'oubli A cause de l'enfant qui n'est plus rien Sinon à l'avancée de la montagne Ce peu de sang sur la margelle

Pourquoi la rose et l'arbre et le chat et la rose Et les statues de l'eau brûlantes dans l'esprit Obscure est l'eau formée de transparence Pour habiter nos corps d'hommes et de femmes Pour habiter la rose et l'arbre, l'absolu Le chat et ses enfances ? La vie la vie avec son grand cri inaudible Murmure avec amour le nuage et le sang Ô arbre ô l'arbre debout ô ! L'échevelé parmi un millier de rivières Nous attendons sous la grappe et tes pommes Une arrivée première Et dans la langue de la vie poreuse impure Une femme d'été embarrassée de sang brûlante et nue parmi ses choses roses molles On l'entend qui annonce La coupure et le feu, le lieu profond du père Et aussi la poussière et l'infime, le banni, le désespéré

La nuit de la substance De grands nuages nous ont recouverts de froid Il y avait ce jardin comme une enfance L'herbe fraîche et l'oubli L'arbre que l'esprit brûle Avec l'enfant qui fut l'enfant des pères Enfant de tout silence Endormi dans le réseau des racines Et pourtant quelqu'un a pleuré quand l'enfant Avec ses yeux de nuit ses cils de neige Est parti hennissant comme un cheval terrible Ici dans ce pays d'étoile fille Où toute larme a le pouvoir du sang Quelqu'un a-t-il parlé ? Tranquillité anxieuse chez les violettes

J'annonce la folie l'étonnement L'imbrûlé de la lune Dont la lumière est blanche autour des cerisiers Entourant la fillette illuminée Fillette avec ses attributs de femme Son front penché vers l'enfant mis à ses pieds Celui qui rêve et parle Et dans sa main le feu de deux cerises Non, mon amour, je ne conterai pas d'histoire Si dans mon cœur il y a le sang versé La pureté et la compassion nocturne Sont assises et elles se tiennent aux avant-bras Face à face elles pleurent Ô mon enfant leurs larmes sont devenues colombes Souillant de leurs déjections le lit illustre Où me voici couché à mon tour Attendant l'arrivée des pluies très vaines Et dans ma bouche en train de se former le dernier mot

Dans ce jardin il y a la brûlure et la fleur A l'ombre de la main cherchant le banc de neige Main aveugle et d'aveugle et pure de feu Avec ses doigts de fruit limpide et tous ses doigts Tenant le sein coupé Qui est le soleil de ce ciel en lourde grappe Et voici le singe velu de l'esprit Libre dans ce jardin frappé de songe Puis encore la brûlure L'ange de la contradiction dormant dans l'herbe Sous la simplicité des grands nuages Traçant le pur chemin de l'aigle au-dessus De ces roses mouillées Millier de roses signées d'une signature Agréée par les étrangetés de la mort

Le ciel comme un grand coup d'archet : la transparence Est l'ombre du dieu clair de ces chemins Volubilis nocturnes Ils sont éparpillés dans l'univers Partout et déchirés lambeaux du vent Ô tigres de l'épée qui les attend Chemins toutes ces traces Le sable ensommeillé la nuit dormant Dans ses dix bras la nuit comme une enfant Il y avait le lieu pur de cette épée Sur la gorge, à l'intérieur de la gorge, Comme un noueux rosier noué de brume Rosier enraciné dans ces poumons Et la respiration de ces poumons Sur tout cela qui est musique et sang Qui est musique et sang Musique et sang

Il y eut ce beau visage avec ses grands yeux noirs Avec, dans le ciel rose, un aigle inespéré Ce corps est-il brûlure ? Il est désert Comme une rose éthique endormie dans ce corps Et ses rivières déchirées, ce sang bu Par rien par presque rien par la neige Ce ventre impur avec la fleur de son nombril Je parle de ce corps mon enfant mon église Tous deux traversés par les arbres de l'esprit Tes seins tranchés ô mon amour ton sang d'enfance Couvrant tes jambes de femmes ô plantées mortes L'herbe qui les habille est dressée de ciel bleu Lune de ta maison son balcon de colombes Dans le vent archaïque

Sous la lumière de l'esprit il y a des larmes Qui ne tombent ô pauvres cils que dans la mort Dilution de la brume avec la corne Entre vos jambes les brillantes de sang Le temps de ce matin est au feuillage Et le mot de pauvreté notre soleil Eclaire la glycine et son balcon ferreux Qui tremble insaisissable A cause du feu désirant couvrant le lac Il y a peu de soleil il y a la nuit Ses pigeons ses constellations ses eaux de neige Tu es là tu es là dressée au seuil des choses Ayant fermé le feu de ta paupière Sur la lumière attachée à l'œil humide La lampe de nous deux consumant l'ombre double Et je te dis : par l'insomnie par l'incendie Mêlant et remêlant mes bras aux tiens Je te dis dans ma langue : La Terre est mon amour la Terre est ta maison

L'étrangeté de l'air, la beauté de la nuit Dorment ensemble dans le lit de leurs feuilles Et sur la ville un dernier vol de colombes Dit adieu à la grâ
A la fillette à la bleue à l'ouvragée A la déchirée par l'épée physiologique Je dis les grands oiseaux de son visage Comme statues brutales de l'île de l'être Et je lui dis : ô mon amour tu n'as qu'à souffler un peu Sur la lampe et sur la vapeur des liserons Pour que le miroir de ton sein s'ouvre Que ta maison reprenne au ciel son compte de nuages Et que tu sois selon ton désir la plus seule Moi je chemine avec le soleil rouge J'ai appris l'alphabet Des oiseaux sont venus se poser sur ma langue rêche Pour y manger mon blé Ils sont partis mon â
Et voici la fin du chemin, les roseraies Dans la lumière illuminée pure et grande L'absolue la terrible Puis c'est la neige et c'est la neige et c'est La neige et le versant de toute nuit Autour de l'arbre et de sa pensée d'arbre Eclairant la transparence de l'eau verte Les violons s'étant retirés dans l'esprit Attendant l'heure où ils se réveilleront Apeurés entre des mains douces qui tremblent Caressantes et qui par l'or seront saisies Il pleut ô mon amour sur tes paupières Et dans ton sein tu es enceinte de l'esprit Avec lui, et lui seul, tu dors sous les pommiers Dans le silence blanc de ton mariage Le simple est simple ô mon amour et c'est la mort La nuit de la figure Avec les étoiles brûlées tenues par leur crinière Comme des lions décapités Salah Stétié, poète libanais d'expression française

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