Mes vieux pins

O vieux pins embaumés qui chantez à la brise,
Debout, sur les coteaux, comme de fiers géants,
J'aime la nudité de votre écorce grise!
O vieux pins embaumés qui chantez à la brise,
J'aime vos bras tendus vers les gouffres béants!
Vous étiez avant moi sur la rive où je pleure,
Et quand j'aurai quitté ce monde que j'effleure,
Vous chanterez encore avec les océans,
Avec l'homme immortel qu'un souffle pulvérise,
O vieux pins embaumés qui chantez à la brise,
Debout, sur les coteaux, comme de fiers géants!

Vos troncs fermes et droits résistent à l'orage,
Quand je vois autour d'eux tant d'arbres se briser.
Ils me font souvenir des hommes d'un autre âge.
Vos troncs fermes et droits résistent à l'orage,
Et donnent à la nue un front pur à baiser.
Versant comme une pluie, au milieu des soirs calmes,
Leurs chants joyeux, les nids se bercent sur vos palmes.
A vos cimes l'hiver ne semble point peser;
Le lac vous voit frémir dans son brillant mirage;
Vos troncs fermes et droits résistent à l'orage,
Quand je vois autour d'eux tant d'arbres se briser.

Lorsque les feux du soir dorent vos fronts, la terre
Où votre ombre descend nous invite à rêver.
Le sentier où je passe est toujours solitaire.
Lorsque les feux du soir dorent vos fronts, la terre
Où ma course bientôt, hélas! va s'achever,
Me paraît toute belle! O l'étrange demeure!
Et pourquoi l'aimer tant, puisqu'il faut que l'on meure!
Puisque le jour fini ne peut se retrouver!...
J'ai soif de l'inconnu, de son profond mystère.
Lorsque les feux du soir dorent vos fronts, la terre
Où votre ombre descend nous invite à rêver.

Mon âme émue, alors, dans une vague d'ombre
Voit glisser un rayon. C'est l'espoir radieux.
Comme dans l'épaisseur de vos grappes sans nombre,
Mon âme émue, alors, dans une vague d'ombre
Voit quelque fois encor sourire un coin des cieux.
Comme le flot d'argent des urnes renversées,
Beaux arbres, le jour luit dans vos blanches percées,
Et met une auréole à mon front soucieux.
Et qu'importe après tout ce que dure un jour sombre?
Mon âme émue, alors, dans une vague d'ombre
Voit glisser un rayon. C'est l'espoir radieux.

Léon-Pamphile Le May (1837-1918)

Divertissements


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